Le consommateur toujours plus taxé
Le sous-dimensionnement de produits de grande consommation ne multiplierait-il pas le nombre de déchets d’emballages ?
Venu des États-Unis vers les années 2015, le downsizing (sous-dimensionnement) de biens de grande consommation s’est installé durablement dans les commerces français. Mouchoirs en papier, produits laitiers, confitures, céréales préparées… les fabricants de produits alimentaires et non alimentaires ont majoritairement réduit le format des conditionnements.
L’argumentaire marketing est imparable : gain de place, transport aisé, gâchis moindre, etc. L’astuce a consisté à diviser pour mieux régner… sur le prix. Une étude de la Harvard Business School, publiée en 2004, démontrait que les consommateurs sont plus susceptibles de remarquer une augmentation de prix qu’une modification de la quantité d’un produit. Voilà comment fut, par exemple, divisée une barquette de 500 grammes en quatre pots de 115 grammes chacun, sans changement de prix malgré 40 grammes de moins.
L’argument, souvent entendu, invoquant la diminution des familles nombreuses et l’augmentation des familles monoparentales pour justifier, là encore, des conditionnements toujours plus petits semble être quelque peu fallacieux. Une pratique sur le web, indécelable à l’œil, – les photos étant toutes de tailles identiques – consiste à présenter les produits avec un affichage axé sur les prix affichés en gros et en gras. Un paquet de riz bio ou labellisé est présenté en paquet de 500 g alors que son concurrent « ordinaire », est présenté en paquet de 1 kg. L’ensemble des prix affichés étant harmonisés pour l’acheteur. Le sous-dimensionnement ne touche pas uniquement les produits alimentaires. Qui n’a pas acheté une bougie et, après l’avoir insérée dans un vieux bougeoir, s’est aperçu que son tour de taille avait perdu quelques millimètres ? Sa hauteur n’a pas changé, le tour de passe-passe est quasi invisible.
Cette technique de vente multiplie le nombre de déchets produits par les ménages.
Une autre étude américaine, parue dans le Journal of the Academy of Nutrition and Dietetics en 2014, a étudié le comportement de consommateurs face à un ou à plusieurs paquets de biscuits. Tous ont reçu 20 grammes de biscuits durant quatre jours, certains sous forme d’un paquet et d’autres sous forme de plusieurs paquets. Les personnes en surpoids ou obèses ont consommé moins de biscuits lorsqu’ils étaient emballés à l’unité. L’offre promotionnelle de type « 2 produits achetés, le 3e offert » s’interprète différemment sous la lumière de ces études. Cette technique de vente multiplie le nombre de déchets produits par les ménages. Un conditionnement unique avec une quantité supplémentaire offerte devrait être privilégié. L’Europe et le gouvernement français imposent aux ménages, par des taxes incitatives, à produire moins de déchets. Si l’incitation est difficilement opposable à notre bonne conscience collective, pourquoi ne pas l’imposer à l’ensemble des producteurs ?